Le journaliste Jérémy André du magazine Le Point m’a adressée quatre questions pour un « long article sur les relations entre LFI et la Chine ». Il envoie ses questions un dimanche soir et avertit : « Nous bouclons mardi. Nous ne pourrons donc faire de modifications substantielles plus tard que demain soir » (ce lundi soir).
Déjà, voyez la méthode : moins de 24 h pour répondre et il avertit que son article est déjà écrit et qu’il ne compte pas le changer. Ensuite, voilà le niveau des questions qui ont pour but de jeter l’opprobre sur LFI et moi-même. Régalez-vous !
Des questions aux méthodes nauséabondes
Question 1 :
« Maintient-elle que la Chine n’est pas une dictature, en sachant que la dictature du prolétariat est inscrite dans sa constitution, que le Parti communiste chinois interdit les syndicats indépendants et que le pays est celui qui emprisonne le plus de journalistes au monde d’après tous les classements ? »
Confondre la dictature du prolétariat avec la dictature d’un homme, c’est mal connaître l’histoire et les concepts politiques. La Constitution chinoise reprend un concept marxiste qui désigne le gouvernement par une classe sociale, le prolétariat, sur les intérêts d’une classe minoritaire et rentière. Autrement dit, l’idée est que ce ne sont plus les possédants qui dictent leur loi, mais la majorité laborieuse. Qu’on soit d’accord ou pas avec l’application concrète de ce principe, il n’a strictement rien à voir avec l’image d’un despote gouvernant un pays. Dire que la Chine n’est pas une dictature ne veut pas dire qu’elle est une démocratie au sens libéral et occidental du terme. Les libertés syndicales et la liberté de la presse sont essentielles à une démocratie et partout où elles sont attaquées, comme en Palestine, en Russie ou en Ukraine, par exemple, nous nous dressons aux côtés de ceux qui résistent.
Question 2 :
« Une source nous indique que Madame Chikirou a reçu le 6 mars au restaurant de l’Assemblée Monsieur Zhang Guangping, directeur du bureau de l’Europe de l’Ouest au département international du PCC, un des officiels chinois auditionnés dans le cadre de sa mission d’information, contrairement aux usages de l’Assemblée, où les auditionnés sont d’ordinaire reçus dans un cadre plus formel. L’audition s’est-elle déroulée en effet en partie ou en totalité au restaurant et pourquoi ? »
Contrairement à ce que vous affirmez, aucun déjeuner n’a eu lieu au restaurant de l’Assemblée à l’invitation de Mme Chikirou le 6 mars avec Mr Zhang Guangping. Il a été reçu en audition le 5 mars 2025 dans une salle réservée à cet effet par l’administratrice de la Commission des affaires européennes. Plusieurs photos prises lors de l’audition en attestent. Votre source vous mène en bateau.
Question 3 :
« Pourquoi avoir rencontré Lu Kang, un officiel du bureau de liaison du PCC au rang de vice-ministre, dans le cadre d’une mission d’information sur les relations entre Chine et Union européenne, alors que celui-ci est en charge des relations avec les partis amis et non des relations sino-européennes ? »
Les auditions réalisées en Chine, à Pékin, ont été organisées par l’administratrice de la Commission des affaires européennes en lien avec les équipes de l’Ambassade de France en Chine. Ce sont donc les hauts fonctionnaires au service de l’État français qui ont été en relation avec les autorités chinoises pour permettre des rencontres de haut niveau. L’audition de M. Lu Kang s’est tenue le 16 mars à Pékin en présence de représentants de l’Ambassade et de la fonctionnaire de la Commission des affaires européennes. Par ailleurs, le titre de M. Lu Kang est « vice-ministre du département international du comité central du PCC ».
Question 4 :
« Réfutez-vous l’anecdote rapportée dans un récent ouvrage sur LFI indiquant que Frédéric Hocquard vous avait comparée à Jiang Qing, « l’Impératrice rouge » et que cela vous avait éclater de rire ? »
Cette histoire est pure invention ridicule, sexiste et totalement insignifiante, qui n’apporte rien à la compréhension du travail politique mais contribue seulement à nourrir une image déformée et insultante. Le livre « La Meute » accumule les approximations, les rumeurs et les caricatures. C’est un catalogue de ragots, pas un travail de journaliste sérieux. J’appelle chacun à ne pas se laisser abuser par des ouvrages qui confondent investigation et potins, analyse et ragots.
Pour conclure, je vous invite à ne pas vous laisser berner par la campagne médiatique qui utilise la Chine comme nouvel épouvantail pour dénigrer la France Insoumise. Lisez par vous-même mon rapport parlementaire. Ne vous fiez pas aux montages vidéos truqués de Quotidien et méfiez-vous des perroquets atlantistes.
Enfin pour lire entièrement le rapport, vous le trouverez ici.
