Un texte hypocrite d’abord tant il veut nous faire croire à un « solutionnisme » technologique voué à l’échec. Le cas le plus criant est celui du système de vérification d’âge pour l’accès aux sites pornographiques. Les australiens et les britanniques ont abandonné les leurs soit parce qu’ils se sont avérés inefficaces, soit parce qu’ils constitueraient une grave atteinte au droit à l’anonymat.Le gouvernement s’entête pour pouvoir se payer un coup de com’ alors que, dans le même temps, les trois séances d’éducation à la sexualité ne sont pas dispensés correctement dans nos écoles.
Lacunaire ensuite car la sobriété numérique n’est même pas abordée, au moment où l’empreinte environnementale du numérique pourrait passer de 2,5% à 7% des émissions de gaz à effet de serre en France d’ici 2030, que la consommation d’électricité va exploser dans les années à venir et que les datacenter sont toujours plus énergivores. Autre exemple : le cadre juridique applicable aux NFT est construit dans l’urgence, sans aucune étude d’impact, dans un mépris total du travail parlementaire de la part du gouvernement qui voulait initialement légiférer par ordonnance.
Liberticide enfin car le banissement numérique prévu à l’article 5 implique une vérification poussée de l’identité des personnes par l’intermédiaire des plateformes en ligne, entreprises étrangères privées, qui stockeraient ainsi des millions de données de leurs utilisateurs. Quid des moyens alloués à la justice pour faire son travail ? Même constat sur le filtre anti-arnaque visant les sites frauduleux : le blocage administratif imposé aux navigateurs est un dangereux précédent, car il permettrait théoriquement à un gouvernement d’imposer une censure d’Etat.
Un texte qui veut s’occuper de tout mais ne règle rien.
Quand Sophia Chikirou interpelle le gouvernement sur le projet de loi numérique liberticide, incomplet et inefficace, le Ministre Jean-Noël Barrot répond : « je suis d’accord avec vous, ce texte en lui-même ne peut rien résoudre ». Tout est dit.
Le gouvernement veut nous faire croire que l’UE peut porter une vraie politique de souveraineté numérique. Impossible puisque l’Allemagne défend une stratégie opposée qui s’appuie sur les géants américains. C’est à l’Etat de planifier la protection de nos données sensibles.