Le collectif “Les morts de la rue” a publié cette semaine son 13 ème rapport annuel “Dénombrer et Décrire”, consacré à la mortalité des personnes sans chez-soi en France.
Le constat est glaçant : Vivre dehors, c’est perdre 32 ans d’espérance de vie et mourir en moyenne à 47 ans. En 2024, 912 personnes sont mortes dans la rue, dont une vingtaine d’enfants de moins de quatre ans. Ces chiffres sont d’ailleurs en augmentation : en 2012, 413 décès de personnes dans la rue avaient été recensés, et 2% des décès concernaient les moins de 15 ans… contre 4% aujourd’hui.
Ces morts à la rue ne sont pas des fatalités : elles résultent directement de choix politiques.
L’État porte ainsi une responsabilité écrasante. Emmanuel Macron a menti : il a produit du sans-abrisme et frappé sans relâche les budgets du logement social et de l’hébergement d’urgence. Depuis 2017, le logement social est amputé de plus d’un milliard d’euros par an et les charges locatives subissent des hausses invraisemblables. Et depuis la loi Kasbarian dite anti-squateurs, qui vise en réalité à criminaliser les locataires précaires, les expulsions explosent : +29 % en un an et +51 % par rapport à 2019. Cette accélération brutale, amorcée dès 2023, illustre à quel point les nouvelles dispositions législatives ont directement fragilisé les locataires et piétiné leurs protections.
À Paris, la situation devient dramatique. Hommes, femmes, enfants, mineurs isolés : ils sont plusieurs milliers à vivre dans la rue ou à être relégués dans des gymnases ou des hangars transformés en centres d’accueil. Chaque histoire illustre la faillite de notre système de solidarité : une mère française en CDI depuis 17 ans qui ne gagne pas assez pour louer, une réfugiée ukrainienne expulsée avec ses 7 enfants d’un centre d’accueil, un père géorgien dont les filles attendent depuis un an d’être scolarisées, une femme congolaise enceinte et diabétique.
Ces vies comptent. Les ignorer est une honte nationale.
L’État et la Ville de Paris portent une co-responsabilité dans cette situation !
Pendant que les 10 % les plus pauvres ont vu leur patrimoine s’effondrer de 54 % entre 1998 et 2021, celui des 10 % les plus riches a bondi de 94 %. À Paris, la concentration atteint des sommets : la famille Hermès, avec 163 milliards d’euros, dépasse désormais Bernard Arnault. Tandis que quelques familles amassent des fortunes colossales autour du Faubourg-Saint-Honoré et de l’avenue Montaigne, des enfants meurent dans nos rues.
Paris doit cesser de prétendre à l’impuissance. Elle doit devenir, enfin, une capitale solidaire : instaurer un Plan d’accueil et d’hébergement de transit pour répondre aux besoins et mettre fin à l’improvisation d’hébergements précaires et indignes. Car chaque mort à la rue, et plus encore celle d’un enfant, engage une responsabilité publique qu’aucun élu ne peut esquiver.