Face aux critiques croissantes sur la gestion de son parc social, Paris Habitat choisit une réponse inattendue : une plainte contre ceux qui osent dénoncer les conditions de vie indignes de ses locataires. Sophia Chikirou, députée de Paris, monte au créneau pour défendre les habitants, soulignant l’urgence de travaux et de réparations, tout en condamnant fermement cette tentative de détourner l’attention des véritables problèmes. Une affaire qui interroge sur les priorités d’un des plus grands bailleurs sociaux de France.

Madame la directrice, 

Vous m’avez adressé un courrier par mail en date du 19 novembre 2024. J’en ai pris connaissance dans le détail. Et je tiens à vous répondre point par point. 

Je le fais en tant que représentante de la Nation, élue de Paris interpellée chaque semaine par des locataires du parc social que gère Paris Habitat. Il faut dire que vous dirigez l’un des plus importants bailleurs sociaux du pays : « Présent dans 54 communes, à Paris et dans sa métropole, le groupe Paris Habitat loge plus de 286 500 habitants et gère un patrimoine de 126 241 logements » affiche fièrement votre site Internet parishabitat.fr. 

Ce rôle essentiel dans les politiques de logement fait que la vie et le bien-être de milliers de familles dépendent de vous et de votre gestion de ces biens communs que sont les logements HLM. Vous me rappelez, dans votre courrier, des principes fondamentaux, dont la violation systématique remettrait en cause n’importe quelle direction et mènerait à son éviction. 

Ces principes, vous les évoquez en des termes que j’approuve. 

Voici ce que vous m’avez écrit : 

« Avant toute chose, sachez que Paris Habitat a le devoir de loger les locataires dans les meilleures conditions possibles, chauffage compris, et que nous nous y employons. Les équipes de proximité sont les premiers interlocuteurs des locataires, à travers la présence de gardiens et gardiennes sur les sites. Des experts techniques sont également mandatés pour prendre en compte les problèmes quotidiens que génère la vie classique d’un patrimoine. Enfin, sur ces sujets de chauffage, nous travaillons en lien avec des entreprises, dont nous sommes évidemment tributaires pour programmer des interventions. Paris Habitat n’est pas un concept mais une communauté de femmes et d’hommes engagés pour le service des locataires.»

Ainsi, à vous lire, Paris Habitat, sous votre direction et sous la présidence de Monsieur Eric Pliez, s’évertue à répondre aux besoins des habitants du parc social. Le maillage territorial assuré au plus près des habitants permettrait de répondre aux besoins des locataires. 

Hélas, entre ce que vous affirmez et ce que j’ai pu constater directement dans des immeubles de Paris Habitat, en allant toquer aux portes des locataires, en filmant et en prenant en photos aussi bien les intérieurs que les parties communes, il y a un gouffre. Un gouffre entre les intentions affichées et la réalité dont souffrent les habitants qui paient chaque mois 150, 180 voire 200 euros de charges locatives. 

« Bien sûr, je compte sur vous pour me communiquer des preuves de la réalité de ces « dizaines de plaintes« , pour pouvoir m’assurer qu’il n’y a pas de caractère calomnieux à vos propos », m’écrivez-vous. Je posterai, sur mes réseaux sociaux, les preuves, écrites et en images, qui justifient les réclamations  nombreuses des locataires de Paris Habitat. 

Vous verrez par vous-même dans quel état de délabrement vivent vos locataires. Infiltrations, moisissures, tuyauteries pourries, courants d’air car fenêtres mal posées, système électrique hors normes, absence de chauffage à certains étages, surchauffage pour d’autres, parties communes à l’abandon avec fils électriques qui pendent depuis des mois voire années, absence de gardien (non remplacé), absence de réponses aux sollicitations des habitants… 

J’ai parlé de dizaines de plaintes, nous en avons recensé des centaines. Les habitants qui s’étaient déjà adressés à vos services pour se plaindre, avant de m’appeler à l’aide, ont décidé de s’organiser pour obtenir des actes concrets et des réponses.

Concernant l’affichette que je publiais sur un réseau social afin d’en avertir le public et les médias, vous me reprochez de ne pas vous avoir appelé pour en discuter auparavant avec vous. Vous arguez que cette affiche prise en photo dans un immeuble du 19e arrondissement serait un « faux », rédigé par un « plaisantin ». Tous les habitants ont pris au sérieux cette annonce : elle semblait tout à fait crédible. D’autant plus que ce qu’elle dit est confirmé dans votre courrier puisque vous m’écrivez qu’en effet, le problème de chauffage sera réglé au 20 décembre 2024. Ainsi, les locataires sont privés de chauffage ou très peu chauffés jusqu’au 20 décembre. 

Comprenez-vous que cela n’est pas acceptable car cela peut être invivable ? 

Vont-ils bénéficier d’une remise sur leurs charges de chauffage ? Vont-ils bénéficier d’une aide de Paris Habitat pour régler les factures d’électricité dues à l’usage d’un chauffage d’appoint ? Ont-ils reçu une information spécifique relative à leur situation personnelle ? 

Enfin, vous qui êtes directrice générale d’un organisme public, avez jugé pertinent de m’attaquer sur « mes intentions politiques ». Je reproduis ici votre prose : 

« En ma qualité de directrice générale et représentante légale de l’établissement, je peine à voir que des intentions politiques, sur lesquelles votre mention de la présidence de Paris Habitat ne laisse planer aucun doute, aient pris le dessus sur ce qui devrait être une volonté partagée de loger « le mieux possible, le moins cher possible », et ce faisant de défendre le modèle public et généraliste des Hlm. Viser le président était d’autant plus vain qu’au terme du statut des OPH, les questions de gestion relèvent de ma compétence exclusive et ne sauraient mettre en jeu sa responsabilité, ni légale ni morale ». 

Mes intentions politiques, Madame, sont claires : je propose aux habitants du parc locatif public de s’organiser pour défendre leurs droits face à des dirigeants méprisants et aux manquements à leur mission. Je me bats pour la dignité des personnes qui ont le droit de vivre dans des conditions au moins au niveau de ce qu’impose la loi.  

Le Président Eric Pliez a sa part de responsabilité dans la politique que vous appliquez. Il est scandaleux, qu’en tant que maire du 20e arrondissement et élu du Parti socialiste, il n’ait pas défendu des mesures d’urgence face à des situations intenables et dont il ne peut ignorer la réalité car il a été interpellé en Conseil d’arrondissement, encore récemment, par une habitante. 

Mes intentions politiques sont aussi celles que m’octroie mon mandat de députée : le contrôle de l’action publique dans laquelle s’inscrit Paris Habitat et dont je vous rappelle que vous êtes la première responsable légale. 

J’ai de grandes ambitions politiques, Madame, pour Paris, et pour le pays. Tentez d’en avoir d’aussi grandes pour mener votre mission. Faites votre travail. Si vous n’êtes pas en mesure de le faire, laissez la place à un ou une autre capable de faire mieux. « Faire mieux » est possible. 

Nous n’en resterons pas là. Aux côtés des locataires, nous mènerons toutes les actions nécessaires pour obtenir de Paris Habitat les travaux, les réparations, les remboursements, et le respect dû. 

Le courrier que vous m’avez envoyé est extrêmement révélateur de l’état d’esprit que vous impulsez à Paris Habitat. J’assure tout le personnel de Paris Habitat, dévoué quotidiennement, de ma considération et de ma disponibilité pour échanger avec eux sur leurs conditions de travail. 

Je vous adresse, ainsi qu’à Monsieur Pliez, mes sincères salutations.

Sophia CHIKIROU

Députée de Paris 

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