En une décennie, six militant.e.s kurdes ont perdu la vie sur le sol français dans des circonstances tragiques et inexpliquées. Ces assassinats, survenus en plein cœur de Paris, continuent de hanter les esprits, tout en soulevant des questions sur la justice, la protection des minorités et les responsabilités diplomatiques de la France.
2013 : Le triple assassinat rue La Fayette
Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, étaient abattues dans un local de la rue La Fayette. Les enquêtes pointaient rapidement vers un militant turc, laissant planer de sérieux doutes sur l’implication des services secrets turcs. Pourtant, l’enquête est restée entravée par des obstacles administratifs et diplomatiques, notamment le secret-défense, empêchant jusqu’à ce jour de rendre justice.
Ce drame a marqué un tournant pour les Kurdes de France et leurs soutiens, renforçant leur détermination à obtenir non seulement la reconnaissance de ces crimes comme des actes politiques, mais aussi l’émergence de la vérité.
2023 : La tragédie du centre culturel Ahmet-Kaya
Dix ans après, le 23 décembre 2023, trois autres militant.e.s kurdes étaient froidement assassiné.e.s au centre culturel kurde Ahmet-Kaya, rue d’Enghien : Mîr Perwer, Abdurrahman Kizil et Evîn Goyî, ancienne combattante contre Daesh au Rojava, qui incarnait la résistance kurde contre l’obscurantisme. Cette attaque, perpétrée par un militant d’extrême droite, a une nouvelle fois souligné la vulnérabilité de la communauté kurde en France.
Une communauté meurtrie
Pour le peuple kurde, ces six assassinats constituent des plaies encore ouvertes. Ils ne se résument pas seulement à des crimes individuels, mais représentent une attaque contre un mouvement politique et culturel en lutte pour ses droits fondamentaux.
Les revendications du groupe parlementaire LFI-NFP à l’Assemblée nationale
Face à cette situation, le groupe parlementaire La France Insoumise -NFP à l’Assemblée nationale a formulé des revendications fortes dans un récent communiqué dont voici les principaux points :
La France doit lever le secret-défense : Les parlementaires exigent la levée du secret-défense qui entrave l’enquête sur les assassinats de 2013, afin que la vérité puisse éclater et que justice soit rendue.
Il faut que la France protège les Kurdes en France : Ils rappellent que la France a le devoir de garantir la sécurité des Kurdes vivant sur son territoire. Cela inclut un refus systématique des demandes d’extradition vers la Turquie, un pays accusé de tortures et de condamnations politiques arbitraires.
Le Soutien international doit être un acte majeur dans lequel La France et l’Union européenne sont appelées à ne pas abandonner les Kurdes, en reconnaissant leur rôle essentiel dans la lutte contre Daesh et en facilitant une solution politique durable.
Le Retrait du PKK de la liste des organisations terroristes doit être un geste symbolique serait une avancée vers une paix durable entre la Turquie et les Kurdes, en reconnaissant le caractère politique de leur lutte.
La Libération d’Abdullah Öcalan et des prisonniers politiques kurdes : Le groupe insiste sur l’importance de relancer les négociations de paix, interrompues en 2015, en libérant les figures-clés de la résistance kurde.
Dix ans de la libération de Kobané : Un symbole de résistance
Alors que les commémorations des dix ans de la libération de Kobané approchent, il est crucial de rappeler l’importance historique de cet événement. Kobané, assiégée par Daesh en 2014, est devenue le symbole mondial de la résistance kurde. La France, qui avait soutenu cette lutte, a aujourd’hui l’opportunité de confirmer son engagement en faveur des droits des Kurdes et de leur quête de reconnaissance politique qui s’inscrit dans un contexte international complexe où la diplomatie française pourrait jouer un rôle clé dans des négociations de paix. En soutenant la cause kurde, la France enverrait un message fort à la communauté internationale sur son attachement aux droits humains et à la justice.
En conclusion, le groupe parlementaire LFI-NFPrappelle que sort des Kurdes en France et au Moyen-Orient ne peut être ignoré. Dix ans après les premiers assassinats, il est temps que la France assume pleinement ses responsabilités, tant sur le plan judiciaire que politique. En soutenant les revendications des Kurdes, elle défend non seulement une communauté meurtrie, mais aussi les valeurs universelles de justice et de liberté.
Ce combat pour la vérité, la justice et la paix résonne avec les aspirations de toutes les populations opprimées à travers le monde. Il revient désormais à la France de se positionner comme un acteur central dans cette lutte pour l’émancipation et les droits fondamentaux.