Fils d’agriculteur, ingénieur agronome, Yousef Rabee vivait à Beit Lahia, localité réputée pour son sol fertile et ses cultures. Face à l’insécurité alimentaire, qui frappe 96 % de la population de Gaza, il résistait en faisant ce qu’il aimait: planter et cultiver ses terres malgré les bombardements et les attaques incessantes dont il était la cible.
Israël empêche l’acheminement de l’aide humanitaire alimentaire, action considérée par l’ONU comme constitutive d’un crime de guerre. Yousef Abu Rabee refusait de voir mourir de faim les femmes et les enfants de son quartier. Sa détermination l’a poussé à planter plus de 40.000 plants au milieu des ruines, utilisant des méthodes économes en eau et hors sol. « Nous avons nettoyé, enlevé les décombres et les débris, mes frères et moi. Nous avons récupéré des semis et des graines de cultures qui avaient été laissées auparavant et qui s’étaient desséchées à cause de la guerre, et nous les avons replantées dans cette pépinière« , déclarait-il encore fin juillet (Reuters).
Yousef Abu Rabee avait également fondé l’organisation Thamra, pour distribuer des graines et des semis et relancer l’agriculture. Selon ses propres dires, il s’agissait « d’inculquer un sentiment d’autosuffisance aux Palestiniens qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour cultiver des aliments nourrissants pour eux-mêmes« .
Dans une vidéo postée le 25 septembre, on le voit devant des terres dévastées, témoignant de l’extrême difficulté à poursuivre sa mission face à la violence des forces israéliennes : « Matinée très dure pour nous tous, ici. Les véhicules de l’occupation ont fait une incursion qui a conduit à une destruction massive des terres agricoles« . Survivant d’une première attaque, il a succombé lors d’un nouveau bombardement de Tsahal. Son ami Yousef Farès lui a rendu hommage en ces termes : « Que la paix soit avec toi, beau Yousef, avec tes yeux sombres, ton bon cœur et ton sourire radieux. Tu resteras dans nos cœurs comme une tendre fleur qui ne se fane jamais. »
L’émotion est immense dans le monde, tout particulièrement celui de l’agriculture urbaine, qui déplore la mort d’un de ses acteurs.