Chers militantes et militants, politiques, associatifs, syndicalistes,
Chers élus,
Chers amis,
Quel bonheur de vous voir ici rassemblés pour entamer cette nouvelle année.
Alors, bonne année à chacun d’entre vous et à ceux que vous chérissez.
Notre banquet républicain, ce soir, est placé sous le signe de l’Histoire. L’histoire fondatrice de la République française, une histoire universelle que le monde entier connaît et qui est revendiquée. La Révolution française, c’est celle du peuple contre ses oppresseurs, celle qui a montré que c’est possible et qui a permis à tant d’autres de se réaliser. Après moi, d’autres parleront de notre identité révolutionnaire.
Aussi, je vais me contenter de vous dire une chose : ici, se trouvent les vrais républicains, nous sommes des républicains au sens français et historique du terme. Nous sommes ceux qui respirons « République française », quelles que soient nos origines, nos religions, nos parcours, car la République française est un universalisme ! Quand vous entendez parler de République, s’il n’est pas fait référence à l’universalisme, c’est que ce n’est pas de République dont il est question ! Le champ républicain, c’est celui qui a été bâti par des luttes pour la liberté, pour l’égalité et la justice. Même la 5e République française est le résultat du soulèvement des algériens contre la colonisation !
Notre banquet républicain est aussi placé sous le signe de la fraternité et de l’entraide. La présence ce soir de plusieurs personnes des mondes associatif, culturel et syndical est le fruit des luttes que nous partageons, que nous menons dans le 20e arrondissement et dans le 11e aussi. Nous sommes les partageux, ceux qui ne peuvent pas être heureux dans un océan de malheurs, ceux qui s’inquiètent de ceux qui ont froid, qui ont faim, qui ont peur, qui n’ont pas de logement, pas de travail… de tous ceux, et celles, qui se démènent pour s’en sortir. Ce mois de janvier 2024 nous rappelle celui de 1954, quand l’Abbé Pierre appelait au secours pour sauver les sans-abris. Nous dénombrons déjà 4 morts de froid en France en une semaine, dans l’indifférence de ceux qui gouvernent. Nous sommes leur voix, nous les Insoumis : nous sommes à leurs côtés, pour demander que notre pays, l’un des plus riches du monde, résiste contre l’égoïsme et la déshumanisation de ceux qui sont sacrifiés.
J’en viens à parler du 3e prisme à travers lequel je vois ce banquet républicain, est celui de la résistance. La résistance c’est ce qui va avec l’espérance. C’est ce mouvement des femmes et des hommes qui ne se soumettent pas. La résistance va avec l’insoumission. On criait Résistance en 2012 dans la campagne présidentielle : ce mot était notre cri de ralliement ! Quand on dit « résistance », tout le monde dans cette salle sait.
Les Palestiniens résistent. A Gaza, ville assiégée, bombardée, massacrée. C’est une résistance face à la barbarie, une résistance de l’humanité face à la sauvagerie raciste. Une résistance absolue quand rester c’est mourir et partir c’est mourir.
Depuis Paris, nous sommes aussi dans cette résistance : nous y prenons notre part. Nous parlons. Nous manifestons. Nous nous battons pour faire stopper les massacres. Et la présence de Jean-Luc Mélenchon à La Haye aux cotés de l’Afrique du Sud pour faire reconnaitre le génocide des Palestiniens de Gaza, JLM représentant du peuple français qui ne soutient pas la France quand elle trahit ses idéaux. Cet événement, la présence de JLM à La Haye, sont des actes de résistance.
L’espoir d’un cessez-le-feu vit chaque jour, partout dans le monde, sur tous les continents, où des militants comme nous, soutiennent la paix malgré les pressions, les menaces, les calomnies, les intimidations et les agressions dont nous sommes victimes. Nous les supportons toutes, que sont-elles face à la souffrance des Palestiniens ?
Nos pensées ce soir vont aux Palestiniens, aux femmes et aux enfants.
La résistance face à la guerre, ce soir, parmi nous, ce sont aussi les visages de nos frères russes qui s’opposent à Vladimir Poutine, et à la guerre en Ukraine. Ils sont présents, réfugiés, fuyant les persécutions. Il y a là :
Alexei Sakhnin, Socialiste russe contre la guerre
Liza Smirnova, Socialiste russe contre la guerre
Mikhail Lobanov, mathematicien russe, exilé politique
Alexandra Zapolskaia, sociologue russe, exilée politique
Kristina Borovkova, doctorante, exilée politique, auteur d’un canal telegram très suivi par les Russes de gauche exilés en France.
Alexandr Listratov, exilé politique pour fuir la « mobilisation » décrétée par Poutine pour envoyer la population russe sur le front ukrainien
Nos pensées vont aux peuples ukrainien et russe qui sont victimes de la guerre et de la répression. En Ukraine aussi où les partis politiques de gauche sont interdits et où les russophones subissent depuis 2014, un traitement discriminatoire par le régime en place. Je pense particulièrement à Azat Miftakhov emprisonné dans une colonie et aux autres opposants à Poutine, emprisonnés, ou en résidence surveillé.
En France, nous résistons aussi face au régime macroniste et au système oligarchique qu’il sert. Le macronisme poursuit inexorablement son orbanisation. Comme Viktor Orban en Hongrie, un libéral, atlantiste, qui a mué en fasciste. Le macronisme a basculé avec la Loi immigration adoptée grâce au RN et à LR. Le macronisme a introduit pour la première fois, l’idée raciste et xénophobe, de la préférence nationale pour les prestations sociales. Les macronistes ont franchi le Rubicon. Usant ad nauseam de l’antiphrase : ainsi, le macronisme dit lutter contre l’extrême-droite et ses idées, mais les adopte, et installe au gouvernement des ministres venus de l’extrême-droite, partageant et véhiculant sa vision.
Alors, cela se traduit en politiques publiques. Tout notre système de protection sociale est attaqué. Pas une branche n’est épargnée : de la naissance aux derniers jours, en passant par la santé, la maladie, le chômage, la retraite, la famille, le logement. On meurt sur des brancards sans soin, on a perdre des droits à l’indemnisation du chômage, ils nous ont volé deux années de vie ! 15 millions de personnes ont un problème de logement !
L’éducation, l’université sont attaquées aussi de façon brutale. Parcoursup bien sûr a été le coup de canon destructeur. L’école publique est déshabillée au profit du privé, les formations publiques sont attaquées pour favoriser les privées. Et ce soir je salue la présence des enseignants et des représentants syndicaux avec qui nous sommes mobilisés pour empêcher la suppression des classes préparatoires, publiques et gratuites, aux grandes écoles. Chaque année, plusieurs milliers, dizaines de milliers de jeunes sont écartés par Parcoursup de l’accès à l’enseignement supérieur public et gratuit. Ils créent la pénurie pour obliger les jeunes à suivre des formations payantes, et de l’apprentissage qui profitent aux entreprises : 25% des contrats d’apprentissage sont rompus avant leur terme.
Je veux m’arrêter quelques instants sur le sort qui est réservée à la jeunesse dans ce régime macroniste : les jeunes sont la cible d’un traitement d’une grande violence ; il y a la volonté claire de les mater, de leur retirer tous les moyens matériels et sociaux de la résistance. Ils sont ciblés dès l’école, qui organise désormais la ségrégation et le dressage : la ségrégation sociale et « ethnique ». L’interdiction de l’abaya – qui n’est pas une tenue religieuse – a été un signal fort en septembre du ciblage des enfants musulmans. Le port de l’uniforme tout comme le SNU sont des mesures de dressage qui ne sont en rien des mesures éducatives et collectivistes. Ne vous laissez pas tromper. Les motivations ne sont ni l’effacement des inégalités sociales, ni la création d’un creuset républicain. Derrière ces mesures, les 3 que je viens de citer, se cachent une volonté de contrôle des corps et des esprits. Ce ne sont pas des mesures d’émancipation ni des femmes, ni des enfants modestes. Et ce n’est pas seulement de la communication : Macron veut préparer la jeunesse à obéir, à se soumettre et à renoncer à résister aux injustices de son monde.
Emmanuel Macron veut dresser cette jeunesse à accepter le monde tel qu’il est, et à s’armer pour être mobilisable au service de quoi ? de la guerre oui, comme en Ukraine et en Russie, comme en Israël.
Voilà pourquoi, nous avons le devoir d’aider les jeunes à s’organiser : là où ils sont divisés, empêchés de se retrouver et de parler, nous devons permettre les espaces pour discuter, nous devons prendre le temps de leur transmettre et de valoriser tout ce qu’ils font quand ils se mobilisent. Je salue ce soir leur présence qui est vitale. Je salue aussi la présence si chère de Khady Mané du collectif Les Mamans de La Banane, du quartier des Amandiers, qui avec plus de 50 mamans travaillent à protéger les enfants des quartiers contre la violence qu’elle vienne de la police, du trafic, et des querelles de jeunes qui peuvent coûté la vie.
Parmi les politiques publiques les plus néfastes de ce gouvernement, il y a celles en faveur des riches et des puissants. Quand nos impôts servent à financer des dividendes et à rendre riches des rentiers, quand l’argent public est capté par les plus riches de ce pays qui profitent de plus de 450 niches fiscales dont une grande partie est anti-sociale et anti-écologique ! Quand l’argent public sert aux centres de santé privés, à enrichir les laboratoires pharmaceutiques privés, qui captent nos cotisations sociales ! Nous ne sommes plus dans une système fiscal juste. Nous assistons au plus grave transfert d’argent public vers le privé, orchestré directement par l’État. Il n’y a plus assez d’argent pour l’éducation publique, la santé publique, les transports publics, les logements publics… et où est-il cet argent ? pas nos poches ! Les salaires ont baissé face à l’inflation ! Une inflation organisée, une inflation qui est en réalité un racket, qu’on retrouve dans les bénéfices records des entreprises de la distribution par exemple.
Je ne vais pas passer en revue tous les sujets mais j’aurais tort de ne pas vous parler de l’inaction climatique d’Emmanuel Macron. Comment ne pas être écœurés par le gâchis, la perte de temps si précieux, les mensonges quand ce ne sont pas les arnaques qu’il monte contre l’écologie. Son inaction climatique, le fait de rien faire pour limiter le changement climatique, le fait de ne pas respecter les engagements de la France pour baisser les émissions de gaz à effet de serre – c’est le contraire même qui se produit-, le fait de lancer le pays dans le nucléaire, avec des mini réacteurs, qui engloutissent des milliards qu’on pourrait mettre dans la recherche dans les énergies renouvelables, le fait de laisser le glyphosate nuisible à l’environnement, à la biodiversité et à la santé des êtres humains, le fait de relancer les centrales à chardon, d’importer massivement du gaz de schiste… Macron mène des politiques criminelles. Et il réprime nos résistances. Il criminalise les militants, les attaques avec une extrême violence – Saint Soline fut un tournant. Notre résistance est une question de survie. L’écologie doit devenir le socle d’une nouvelle république. J’ai engagé un travail partant de notre condition d’urbains, de citoyens qui vivent en ville, autour de l’agriculture urbaine pour enrichir notre programme et je crois qu’une révolution est possible aussi en partant de la ville.
Face à ce système, nous tous ici, sommes les acteurs de la résistance. Chaque fois que nous menons une action dans les luttes contre la fermeture et la dégradation de nos biens publics. Chaque fois que nous exprimons nos désaccords. Chaque fois, que nous les élus, nous écrivons des lois, comme celle que j’ai déposée pour lutter contre les violences obstétricales et gynécologiques grâce au travail conjoint mené avec Sonia Bisch, ici présente, qui est la fondatrice du collectif Stop VOG !
Nos actions montrent qu’il est possible de résister : si nous, simples citoyens, locataires, enseignants, soignants, travailleurs sociaux, ouvriers et employés, salariés ou retraités, jeunes, femmes, hommes, si nous pouvons le faire, alors d’autres, qui nous voient faire, se diront « oui il est possible de résister et de bâtir un autre monde ».
2024 doit être une belle année de résistance : résister c’est gagner. Car chacune de nos résistances, chacune de nos luttes, chacune de nos actions, est porteuse d’espoir.
Chers amis, du fond du cœur, comptez sur moi comme je sais pouvoir compter sur vous.
L’année passée, j’ai vécu quelques moments difficiles, à titre personnel. Ça va mieux.
Vous m’avez aussi soutenue quand les attaques médiatiques étaient menées pour m’abattre et ainsi nuire à notre mouvement ; les attaques ne doivent pas nous faire peur. Elles peuvent faire de la peine, surtout quand certaines personnes cherchent à les utiliser pour saboter le travail que nous réalisons à Paris pour préparer l’avenir. Mais, vous le savez, je ne sais pas baisser les yeux.
Allez !
Bonne année et santé !