Cela fait 6 ans que je subis cette procédure sans accès au dossier alors que j’ai demandé au moins à deux reprises à être entendue et placée sous le statut de témoin assistée. Pourquoi ces demandes ?
Non parce que je considère que cette affaire a lieu d’être : elle est totalement infondée et est une véritable stratégie de lawfare.
J’ai fait ces demandes car pendant 6 ans, les médias comme Mediapart, Libération, Le Monde et Radio France ont été alimentés par des sources policières et judiciaires pour nuire à ma réputation et pour influencer la vie politique en salissant l’image de la France insoumise.
Vous avez hérité de ce dossier en 2022, mais vous connaissez certainement l’historique : PV d’auditions intégralement livrés à la presse, photos des scellés, documents issus des scellés livrés aux journalistes. En aout 2022, sous la présidence du juge Dominique Blanc, le journaliste Fabrice Arfi publiait des extraits du rapport d’expertise judiciaire alors même que je n’y avais pas accès. Seul le cabinet d’expertise ou le cabinet du juge pouvait avoir transmis ce document. Les violations du secret de l’instruction dans ce dossier ont servi de prétextes à des articles de presse accusatoires, diffamatoires et toujours opportunément livrés suivant l’actualité politique.
Toutes mes plaintes ont été classées sans suite. Comme si le système judiciaire protégeait ceux qui violent les principes fondamentaux de la justice.
La convocation rédigée par le Juge Dominique Blanc en 2022 est la même que celle que vous m’avez adressée. Ainsi, je suis à la fois choquée et amusée de voir que l’un des motifs de la convocation est un abus de bien social pour une cafetière, un écran et un micro-ondes ! retrouvés dans leur emballage d’origine, neufs, stockés depuis 10 mois dans une pièce de mon domicile au milieu de cartons d’archives et de matériels appartenant à Mediascop, en attendant d’être déménagés dans les nouveaux locaux.
Toutes ses accusations n’ont servi qu’à nourrir l’image d’une voleuse. J’en subis des conséquences terribles : insultes quotidiennes sur les réseaux sociaux où se mêlent sexisme et racisme, en toute impunité. J’ai même été attaquée en justice par une société au prétexte que le nom “Mediascop” était désormais entaché et nuisait à ses affaires. Cette société porte aussi ce nom. Les conséquences sont aussi politiques : quand un gouvernement du NFP est envisagé, la question est posée de ma nomination dans un tel gouvernement si je devais être mise en examen.
Je m’interroge sur la façon dont ce dossier a été géré par votre prédécesseur. J’ai l’impression d’avoir été utilisée, au mépris de mes droits, par toute sorte de personnes sans scrupules. Je suis l’auteur d’un documentaire sur le lawfare et l’enquête que j’ai menée révèle les liaisons dangereuses entre magistrats, politiques et médias. Le cas de Dominique Blanc, très engagé aux côtés du Parti socialiste et de la droite du PS, est emblématique. Et je considère qu’il n’aurait jamais dû être en charge de ce dossier.
Depuis son départ, je ne crois pas que d’autres éléments ont été ajoutés.
Mon avocat a fait appel à un cabinet d’expertise-comptable pour mener une contre-expertise et répondre au document sur lequel se fonde toute l’accusation. Il s’agit d’un rapport d’expertise judiciaire qui sert à porter les 5 accusations contre moi, mais qui, de l’aveu même des auteurs, ne peut tirer aucune conclusion claire.
Mon avocat a aussi rédigé un mémoire qui répond à chacune des accusations et a fourni toutes les preuves matérielles venant à l’appui des réponses. Vous avez reçu ces documents, ils sont en votre possession et je souhaite les verser au dossier. Aussi je vous remets ici ces éléments.
Avant de conclure, j’ajoute que je ne veux plus subir les fuites dans la presse organisées par des anonymes du système judiciaire. Ces gens sont la honte de la justice.
Je m’adresse à vous en vous faisant crédit des qualités dont votre prédécesseur était, selon moi, dépourvu. Enquêter à charge et à décharge, tenir compte des effets catastrophiques d’une mise en examen même si in fine je suis relaxée, me traiter en citoyenne jamais poursuivie ni condamnée en 45 ans de vie.
En conclusion, je vous signifie ma volonté de faire valoir mon droit au silence devant vous. La raison est simple : je ne souhaite pas donner l’occasion à de nouvelles fuites des PV d’auditions. Le feuilleton médiatique doit laisser place au travail judiciaire.