Question écrite au gouvernement
Adressée au Ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative
Mme Sophia Chikirou attire l’attention de Mme la ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative sur la situation de la Fédération nationale des Maisons des Potes (FNMDP), réseau associatif fondé en 1989 et implanté de longue date dans de nombreux quartiers populaires.
Un réseau associatif essentiel dans les quartiers populaires
La FNMDP agit au quotidien pour lutter contre les discriminations, le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie, pour la défense des droits des étrangers, ainsi que pour le développement de l’éducation populaire et de la participation citoyenne. Ses équipes mènent des campagnes d’accompagnement les victimes de discriminations dans l’emploi et le logement, organisent des permanences juridiques, des débats publics et des actions de sensibilisation sur l’ensemble du territoire national. Or, depuis plusieurs années, la fédération voit ses financements publics nationaux se réduire progressivement.
Une succession de coupes budgétaires qui menace la survie de la fédération
Les subventions qui lui étaient attribuées au titre de la lutte contre le racisme et les discriminations, de la politique de la ville ou encore de la jeunesse et de l’éducation populaire ont été successivement interrompues : d’abord par la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) à partir de 2021, puis par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) à compter de 2023, et plus récemment par la direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA) en 2025.
Cette succession de décisions fragilise structurellement la fédération, alors même que son action répond précisément aux objectifs affichés par l’État en matière de lutte contre les discriminations et de soutien aux quartiers populaires. La fédération alerte désormais sur le fait qu’une troisième année de coupure totale de subventions étatiques mettrait directement en danger sa survie, avec pour conséquence la fermeture d’actions de terrain, la suppression de postes et la disparition d’une expertise reconnue depuis plus de trente ans. La situation de la FNMDP s’inscrit dans un contexte plus large de tensions autour des libertés associatives.
Une illustration des tensions autour des libertés associatives
Adoptée en 2021, la loi confortant le respect des principes de la République, dite loi sur le séparatisme, a renforcé cette dynamique en conditionnant les subventions publiques et les mises à disposition de locaux au respect d’un contrat d’engagement républicain et en élargissant les pouvoirs de contrôle et de sanction des préfectures à l’égard des associations. Les travaux de l’Observatoire des libertés associatives montrent que ces nouveaux outils peuvent être instrumentalisés pour justifier des coupes ou refus de subventions à l’encontre d’associations investies sur des sujets sensibles ‘ racisme, discriminations, violences policières, droits des étrangers, etc. Plusieurs études soulignent ainsi le risque d’un véritable « tri politique » des associations, fondé non pas sur la qualité de leur travail ou leur utilité sociale, mais sur le degré de conformité supposée de leurs prises de position avec les orientations des pouvoirs exécutifs territoriaux ou nationaux.
La députée rappelle en outre que, selon la fédération, plusieurs responsables gouvernementaux se seraient engagés, au printemps dernier, à réexaminer favorablement le rétablissement de sa subvention nationale, engagement qui n’a pas été concrétisé à ce jour, alors même que les calendriers de répartition des crédits et la situation financière désormais critique de la fédération rendent la décision urgente. Malgré ces difficultés, la FNMDP poursuit son travail de mobilisation, comme en témoignent les Universités européennes « Unis pour l’égalité » organisées à l’automne, qui illustrent sa capacité à fédérer un large réseau d’acteurs engagés pour l’égalité et à structurer un espace de débat public sur ces questions.
Une intervention urgente pour garantir un financement juste et transparent
Au-delà de ce cas particulier, se pose une question de principe : celle de la capacité de l’État à garantir un soutien stable et non discriminatoire aux associations qui luttent contre le racisme et les discriminations, en cohérence avec le plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine 2023-2026. En conséquence, Mme Sophia Chikirou demande à Mme la ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative si le Gouvernement entend, d’une part, rétablir dès le prochain exercice budgétaire les subventions de l’État à la Fédération nationale des Maisons des Potes et, d’autre part, quelles mesures elle compte prendre pour garantir, à l’avenir, un cadre de financement stable, transparent et non discriminatoire pour l’ensemble des associations engagées contre le racisme et les discriminations.
Retrouvez ici l’ensemble des questions aux gouvernements de la députée de Paris — la France insoumise — Sophia Chikirou a posé à l’Assemblée nationale.