Les débats concernant les dépenses, pour ce PLF 2025, n’ont pas été discutés dans l’hémicycle. En particulier, les crédits relatifs à l’action internationale de la France et l’aide au développement, mission sur laquelle Sophia Chikirou fait partie des chef.fe.s de file pour la France insoumise.
C’est d’autant plus dommageable que nombre de ses amendements avaient été adoptés en commission des finances pour débloquer des fonds et respecter les engagements qu’avait pris Emmanuel Macron lui même concernant les moyens du Ministère des affaires étrangères, mais aussi créer un fond d’urgence pour la Palestine, ou encore rétablir les moyens de l’enseignement français à l’étranger.
Si l’examen du budget s’était poursuivi normalement à l’Assemblée nationale, Sophia CHIKIROU aurait pris la parole au nom du groupe à la tribune. Voici le verbatim de son discours:
« Mesdames, Messieurs,
Je ne vais pas m’adresser à vous, Monsieur Barrot, car vous n’avez rien à faire sur le banc des ministres: le gouvernement auquel vous appartenez est illégitime. Vous êtes là contre la volonté du peuple français, vous êtes là par la force d’un système institutionnel anti-démocratique, vous êtes le ministre-collaborateur d’un Président de la république en fin de règne.
Je vais m’adresser aux Françaises et aux Français qui nous regardent, à ceux qui vivent hors de nos frontières, à tous les agents du Ministère des affaires étrangères et autres agents français à l’étranger.
J’en profite à cet instant pour saluer les militaires français qui sont victimes de l’abaissement de la France sur la scène internationale, qui se font tirer dessus au sud du Liban par l’armée israélienne alors qu’ils sont notre honneur puisqu’ils sont membres de la FINUL.
J’assure de notre soutien aussi les militaires français à Jérusalem, les deux gendarmes qui ont été maltraités et arrêtés par la police milicienne israélienne. Je leur dis « vous êtes notre fierté » et sachez qu’ici, dans cet hémicycle, il existe des représentants de la Nation française, qui ne sont ni des lâches ni des traîtres à la patrie républicaine !
Nous sommes arrivés au point où la représentation française à l’étranger peut être attaquée sans que le Chef d’Etat ne dise un mot.
Comment en est-on arrivés là ?
D’abord, une vision politique: l’alignement sur les Etats-Unis d’Amérique, l’atlantisme qui veut dire le renoncement à l’indépendance diplomatique française. Une vision politique qui se targue de préparer la guerre en saccageant tout ce qui peut servir la Paix.
Votre agenda, c’est défaire tout ce que la France sait faire de bien. La suppression des corps diplomatiques en 2022, qui tend à faire disparaitre notre diplomatie professionnelle, son savoir-faire et son très haut niveau de qualification, en était déjà l’illustration.
Il faut que les Français sachent que depuis 30 ans, le Quai d’Orsay a perdu la moitié de ses effectifs et de ses moyens.
Et non contents de cette situation catastrophique, voilà qu’un gouvernement illégitime ose nous soumettre un budget pour terminer la sale besogne.
Ainsi, -4% en crédits de paiement pour la mission « action extérieure de l’Etat », -6% corrigé de l’inflation, et -10% pour l’aide publique au développement (-12% compte tenu de l’inflation), après avoir annulé près d’un milliard de crédits en mars 2024.
Et ne venez pas nous raconter que cette baisse intervient après plusieurs années de hausse. Un euro de 2025 ne vaut pas un euro de 2016: depuis 2016, les crédits de la mission « action extérieure de l’Etat » sont passés de 3,1 milliards à 3,5 milliards cette année, soit 13% de hausse en 9 ans mais avec une inflation de 17% sur la même période ! Il s’agit donc bien d’une baisse !
La réalité de ce budget, c’est la parole manquée du Président de la république qui s’était engagé à créer 700 postes supplémentaires d’ici 2027 pour le MAE, dont 150 cette année selon la trajectoire prévue, ce sera finalement moitié moins.
Et derrière ces chiffres désastreux, il y a des conséquences humaines concrètes.
Depuis 2017, les services consulaires ont rendu pas moins de 107 équivalents temps plein. Il en résulte pour les agents un rythme effréné qui crée énormément de souffrance au travail, des burnout qui se multiplient, 3000 à 4000 jours de congés non pris l’année dernière… Comme ils le disent eux-même « on passe notre temps à essayer de faire notre boulot, mais on ne peut plus le faire ».
Pire encore, l’un des joyaux de nos services publics, l’enseignement public en français et du français à l’étranger est à l’abandon: 14 millions d’euros en moins pour l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, livré à une privatisation à marche forcée, au prix de la baisse de la qualité d’enseignement et de la hausse des coûts de scolarité pour les familles (avec le tri social que cela implique).
L’aide au développement ne fait pas exception à la règle, bien au contraire: 600 millions de crédits en moins par rapport à 2024, 1,3 milliard en réalité si on retranche le nouveau programme « fonds de solidarité pour le développement ». Une fois de plus cela est en totale contradiction avec les engagements pris par la France dans la loi de programmation de 2021, qui prévoyait 2 milliards d’euros supplémentaires par rapport à ce PLF.
Heureusement, face à tous vos renoncements, il existe une résistance: la nôtre. Votre budget sacrifié a été ressuscité en commission des finances par les amendements du groupe de la France insoumise, et plus largement du Nouveau Front Populaire.
Nous avons, rétabli les crédits pour l’enseignement français à l’étranger, rétabli la trajectoire de création de postes au sein du Ministère avec 250 ETP supplémentaires, rétabli en partie les crédits de l’aide publique au développement avec 1 milliard d’euros supplémentaires, débloqué des fonds d’urgence pour les déplacés palestiniens, augmenté notre contribution à l’ONU mais aussi débloqué 25 millions d’euros pour la protection sociale des français de l’étranger.
Au total, nous avons sauvé plus de 2 milliards d’euros pour l’action extérieure de l’Etat et l’aide publique au développement.
Vous l’avez compris, nous allons batailler, amendement par amendement, car votre politique diplomatique et budgétaire déclasse l’action de la France à l’international. Nous relèverons le drapeau !