Retour sur le double langage présidentiel
La dématérialisation à marche forcée des services publics est une politique source d’inégalités et de renoncement aux droits. C’est pourtant l’obstination du gouvernement pour faire des économies et supprimer des postes.
Cela n’empêche pas Emmanuel Macron de tenir un autre discours que la réalité de sa politique. Ainsi il prétendait vouloir « une administration, une action publique à portée de femmes et d’hommes et représentées, incarnées par celles et ceux qui, sur le terrain, dans les compétences qui leur sont données, traduisent cette action publique pour nos concitoyens. »
Hélas, la loi des finances 2024 ne marque pas de changement de cap : l’intention est toujours de réduire les services publics, ses moyens humains au détriment des liens sociaux et des droits des usagers.
Voilà pourquoi, le 30 novembre 2023, les députés insoumis ont défendu et fait adopter par une majorité de députés, contre l’avis du gouvernement, une loi pour tendre à la réouverture des accueils physiques dans les services publics.
Cette proposition de loi, issue de la niche parlementaire de la France insoumise, était portée par la députée de Paris, Danièle Obono.
Sans remettre en cause l’intérêt d’avoir des services publics en ligne, et de pouvoir faire des démarches administratives via Internet, cette loi vise à garantir à ceux qui en ont besoin d’avoir une personne physique capable de réaliser ces démarches dans les mairies, les bureaux de poste, les gares, et toute autre administration publique.
Quant à la création des Maisons France Service, souvent brandies par les députés macronistes, elle se révèle être un simple cache misère, qui permet d’accompagner l’abandon des guichets dans les territoires ruraux et les quartiers populaires. Depuis trente ans, la fermeture des accueils physiques pour les services du quotidien (gares, bureaux de poste par exemple) n’est pas compensée par ce dispositif où la présence humaine est réduite à quelques heures et où les usagers ont plus souvent à faire à des machines.
Cette deuxième victoire parlementaire lors de notre niche parlementaire pose la pierre angulaire d’un retour au service public adapté aux besoins de notre population dont 15% est confronté à l’illectronisme et plus de 22% reconnait avoir du mal avec les démarches en ligne.
Pour que la loi devienne effective, il faut qu’elle soit adoptée par le Sénat puis qu’elle revienne à l’Assemblée et soit de nouveau adoptée par les députés. Alors, elle devra être promulguée.
Charge à nous tous et toutes de faire survivre l’esprit de la loi telle que les députés l’ont votée. Vous pouvez y aider en écrivant aux sénateurs et sénatrices pour les alerter sur l’importance de la réouverture des accueils physiques des services publics.
Espérons que le gouvernement ne cherchera pas à la vider de son contenu et à retarder son adoption…